mercredi 24 janvier 2007

la femme de la jungle intrigue

Oyadao, 22 janvier

Elle reste assise parfois pendant des heures, fixant le sol ou les curieux qui se bousculent pour la voir. Son visage sans expression ne laisse apparaître aucun sourire. Juste des peurs passagères.
Le mystère restait entier sur l'identité de cette jeune femme sortie de la jungle dix jours plus tôt dans la province reculée de Ratanakkiri (nord-est du Cambodge).
L'homme qui l'a prise en charge, un policier du nom de Sal Lou, affirme que c'est sa fille, Rochom P'ngieng, disparu en 1988 à l'âge de huit ans alors qu'elle gardait un buffle.
Depuis qu'elle a été emmenée au village d'Oyadao, elle a essayé de fuir à trois reprises, déchirant les vêtements qu'on lui avait donnés."Au cours du week-end, elle est devenue folle. Elle avait peur de la foule et des journalistes qui essayaient de la prendre en photo", dit Rochom Ly, qui se présente comme son frère.

Sal Lou souhaite que la jeune femme soit emmenée dans la capitale Phnom Penh pour des examens médicaux. Et il a lancé un appel aux dons.
Mais des organisations humanitaires n'excluent pas que la jeune femme ait été victime d'abus sexuels et recommandent qu'elle reste sur place, auprès de ceux qui déclarent être ses parents, afin d'éviter tout "nouveau stress".
Une chose est sûre : depuis sa sortie de la jungle, la jeune femme est devenue l'attraction de la région. Des dizaines de personnes venues de villages voisins, ainsi que des groupes de journalistes représentant la presse internationale, se bousculent dans la cabane où elle reste assise toute la journée lorsqu'elle ne dort pas ou n'est pas nourrie à la petite cuillère par Rochom Soy, l'épouse de Sal Lou.

Certains commencent à douter de la version donnée par le policier. Comment une femme qui a passé 19 ans dans la jungle peut-elle présenter des mains ou des pieds aussi lisses? Ses ongles et ses cheveux ne sont-ils pas en trop bon état pour quelqu'un qui aurait vécu à l'état sauvage?
De mystérieuses marques entourent son poignée gauche et alimentent des questions sur son passé.
"Je doute qu'elle ait disparu il y a 19 ans", dit Dub Thol, venu d'un autre district pour voir la jeune femme qu'il trouve tout à fait "normale". Sal Lou précise qu'elle a commencé à comprendre le dialecte des tribus de montagne de l'ethnie Phnong à laquelle lui-même appartient. "Lorsqu'on lui parle, elle comprend mais ne peut pas répondre. Elle a oublié la langue qu'elle a parlé il y a longtemps. Elle fait ce qu'on lui dit de faire (...) Tôt ou tard, elle saura parler".

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